dimanche 23 novembre 2008

Pourquoi le PS n'explosera pas

Pendant ces dernières 48 heures, les commentateurs-prophétes -experts de la vie politique se sont relayés sur les chaînes d'infos à la télé pour annoncer la prochaine explosion du Parti socialiste.
On aurait le moral à zéro pour moins que cela.
La nuit porte conseil et dans la paix, ma réflexion s'est nourrie d'élements que, sous le coup de l'indignation et de la colère, je n'avais pas suffisamment pris en considération.
A mon reveil, mon sentiment est que le PS n'explosera pas et qu'il n'y aura pas la rupture annoncée par les médias. En voilà les raisons.
Des votes litigieux, on en constatera dans les deux camps et au final ils s'annuleront. Un ami, prof de math, m'a expliqué que si chacun des 136.000 votants du PS avait tiré a pile ou face son vote, l'ecart typique entre les deux candidates aurait tourné autour de 370 voix. Puisqu'un qu'un ecart de 370 voix est peu significatif, l'ecart final ne le sera pas du tout. Ceci suggere qu'il serait souhaitable de trouver une solution politique plutot que judiciaire... L'existence de deux blocs de force équivalente interdit l'explosion, chacun se sentant légitime à rester en espérant l'emporter plus tard. Dans notre histoire, on part quand on est majoritaire (c'est la scission de 1920 à Tours, où les communistes, en force, quittent la "vieille maison" pour créer un nouveau parti) ou, plus souvent, quand on est minoritaire et qu'on se sait perdu (Chevènement, Mélenchon).
A 50/50, on ne s'en va pas.
Seule une fracture idéologique profonde peut conduire à l'explosion et ce n'est pas le cas aujourd'hui: il y a quelques divergences politiques, plus ou moins sérieuses, sur la présidentialisation, le Parti, les alliances, la question sociale, il n'y a pas fracture idéologique. Même si Royal s'en défend et Aubry ne le dit pas, toutes les deux sont grosso modo sociaux-démocrates. Le report des voix le montre bien. La moitié des partisans de Delanoë se sont reconnus en l'une, la deuxième moitié en l'autre. Quant à Hamon, un nombre non négligeable de ses électeurs se sont reportés sur Royal, et celle-ci n'a pas été embarrassée d'envisager un rapprochement avec la motion C. Et je ne parle même pas des supporters d'Aubry, venant d'horizons très différents. Nous sommes très loin des années 70, où les clivages idéologiques étaient infiniment plus prononcés et stables.
Le PS est un parti d'élus et on ne détruit pas l'instrument qui permet aux uns et aux autres de se faire élire. En dehors du PS, ils ne sont plus rien. Surtout, ils ne sont plus élus. Ils n'ont pas intérêt à casser le PS comme des enfants leurs jouets. A côté du secrétariat national, il y a les autres instances, qui ont été désignées et qui ne sont pas, elles, en crise: le Bureau national (le gouvernement du PS) et le Conseil national (le Parlement du PS) ont des majorités et sont prêts à diriger. On oublie que le pouvoir réside dans ces instances, que le premier secrétaire ne peut rien sans leur soutien. Admettons qu'il y ait explosion à l'étage supérieur du Parti: ça ne va pas le transformer en "tour infernale".
Donc, pas d'explosion, et par conséquent, pas d'inquiétude.
Le pire n'est que dans la tête de ceux qui le souhaitent.

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