samedi 15 novembre 2008

En direct de Reims: longue fut la journée du 15 Novembre



Bertrand Delanoë a ouvert la journée décisive du congrès socialiste.

Il a plaidé pour que le PS reste un “parti de militants” . “Pour rassembler demain, a-t-il martelé, il faut des convictions mais aussi dire ce que nous sommes: un parti de militants où ce sont les militants qui votent et qui décident”. Ce parti doit “bien sûr, s’ouvrir” a précisé le maire de Paris “retrouver le monde du travail (…) car les militants nous demandent d’être aux avants-postes”. Sur la question des alliances avec le centre, censée distinguer de manière indépassable sa motion de celle de Ségoléne Royal, sa position ne varie pas et elle reste non négociable. Les mots du maire de Paris sont les mêmes que lors de sa tournée des fédérations. “Nous devons, déclare t-il, prendre acte de nos différences sur ce point. Je l’ai dis souvent. C’est tellement difficile de mettre en œuvre un projet de gauche avec toute la gauche, si vous y ajoutez un bout de droite, ça ne peut pas marcher”. Puis, plus grave: “si nous devons convaincre les électeurs , nous ne pouvons pas bâtir une alternative avec des forces politiques qui pensent et disent que la gauche et la droite c’est pareil!”.
Sur le compromis, il évoque sa “nécessité “ mais n’en donne pas les termes. Il assure qu’il est “totalement désintéressé” et qu’il met “les 25 %” de sa motion à la disposition du PS”. Il lui est “égal d’être le grand perdant” de ce congrès comme il le lit dans les journaux. Il n’a “aucun intérêt personnel” assure-t-il dans son issue. Mais il fera “tout pour que la raison l’emporte”. Il n’a pas envie “que le congrès de Reims soit le congrès de Rennes”. Il ne veut pas que “Nicolas Sarkozy et François Bayrou” en soient “les vainqueurs”.


Visiblement très tendue au début de son intervention, Ségoléne Royal, au phrasé lent, s’est exprimée à 17h00 devant une salle majoritairement hostile ; deux-tiers des délégués lui sont, par définition, opposés et Reims se trouve en terre Aubryste. Alors qu’on aurait pu penser qu’elle allait poursuivre sur la ligne « Zen » suivie depuis le début du congrès, la présidente de la région Poitou-Charentes a manié la provocation. Ségoléne a fait du Royal. Extraits choisis. « Il nous faut nous guérir nous-mêmes, nous soigner de toutes ces petites et grandes blessures que nous nous sommes infligées ». « Nous finirons bien par nous aimer un petit peu ». « Rassemblons nos colères, nos tendresses - oui nos tendresses - et nos indignations ».
Dans la deuxième partie de son intervention, Ségoléne a délaissé son style « cheftaine des socialistes » et développé des arguments plus politiques, souvent percutants. En particulier sur le ModemSerions-nous si faibles, si apeurés que la seule idée d’une alliance éventuelle dans trois ans nous jette hors de nous mêmes alors que certains parmi les plus enflammés la pratiquent déjà chez eux ? » a-t-elle lancé.


Sans doute parce qu’il fallait corriger le tir et faire œuvre de consensus, Mme Royal a organisé une courte conférence de presse à 19h30, juste avant l’ouverture de la commission des résolutions. Message. « Rien ne doit être dramatisé, nous allons faire tous les efforts possible ».


Martine Aubry a prononcé un discours de congrès comme elle en a le secret. Rendant hommage à François Hollande, elle a appelé les socialistes « à faire l’effort et d’avoir le courage de se rassembler ». Elle a souhaité que « l’on remette la question sociale au cœur des propositions du PS » et souhaité que « des banderoles du parti socialiste » surgissent « au milieu des syndicalistes pour les accompagner ». « La ligne politique existe, il existe aussi une majorité pour la faire vivre demain. Sortons de l’inquiétude des présidentielles. Il faut une équipe et un capitaine pour que le PS redevienne un parti de gauche » a insisté la maire de Lille sous les acclamations.
On attendait la conclusion qui logiquement s’imposait. Elle n’est pas venue, malgré le discours de Bertrand Delanoë, qui lui ouvrait un espace, et celui de Laurent Fabius qui l’encourageait à se lancer dans la brèche. Les partisans de Martine Aubry étaient déçus qu’elle n’ait pas « renversé la table ». A ce stade, la maire de Lille n’est toujours pas en lice.


Pierre Mauroy est grognon. L’ancien premier secrétaire qui fait figure de personnalité historique s’était promis de rester silencieux, mais il ne peut cacher sa mauvaise humeur :

“Je suis mécontent, si on avait fait alliance entre les motions Delanoë et Aubry, on serait majoritaires. Le problème c’est qu’ils veulent être tous les deux premier secrétaire… Ça me rappelle un peu le congrès de Rennes, en 1990. Ah si, il y a quand même une différence : à Rennes, ils se haïssaient. Là, ils commencent tous leurs discours en disant : je veux rassembler.”


Plus tard, dans les coulisses de l'Assemblée générale de la motion A, samedi soir entre 19h30 et 20h00, extraits :
Harlem Desir:
« Faisons en sorte que la logique (...) des motions A, C, et D l'emporte et soit portée par un candidat »

Jean-Paul Planchou:

« Attention, Martine n'envoie pas les bons signes, elle gauchit son discours, ne renonçons pas sur le fond.(les rocardiens se rebiffent) ».

Delanoë: « Soyons au service d'une synthèse, je préférerais même une synthèse à trois. Mais ne nous mentons pas.Depuis le 6 nov, je me dis que je ne peux pas être candidat, mais si je peux rassembler... (applaudissements très nourris)..., bon j'ai compris le message...Certaines motions, cela est confirmé aujourd'hui, veulent une soumission. Moi je veux un candidat fédérateur. »

Ayrault:

« Merci à Bertrand pour s'être singularisé par son attitude de responsabilité. Nous avons un candidat et c'est Delanoë »
Moscovici:

« Ce congrès peut être pire que celui de Rennes. Il faut tout faire pour l'éviter. Le premier sentiment est que le résultat la motion E désignait Ségoléne, c'est d'ailleurs ce que nous avions dit en pensant à Bertrand (pique à Hollande). Mais son discours d'aujourd'hui montre qu'elle ne veut pas, qu'elle ne peut pas fédérer. De l'autre coté Aubry tient un discours qui est presque de la démagogie de gauche: ce n'est pas comme ça que je veux que le parti soit gouverné.Il faut plutôt une synthèse A+D, avec la C ce sera difficile. »

Hollande:

« La motion E ne parvient pas à trouver une synthèse (majorité absolue), il revient donc à la motion arrivée seconde de tenter cette synthèse, car trouver cette majorité doit être un objectif en soi pour le PS. Pour cela il ne faut mépriser personne, ni la E, ni la C. Mais il faut faire attention à ce que le premier secrétaire désigné le 20 novembre soit conforme à la synthèse de dimanche. Aujourd'hui, la motion centrale est la motion A, car elle serait la seule, si c'était possible, apte à conduire une synthèse générale. Cela conduit à proposer Bertrand comme candidat ».

Encore plus tard...à la sortie de la Commission des résolutions ( qui porte trés mal son nom)


le 16 Novembre à 1h25... Ségoléne Royal claque la porte de la Commission des résolutions.

"La main tendue que nous avons offerte n’a pas été saisie”, assure -t-elle. “Nous en prenons acte. J’appelle tous les militants à choisir jeudi prochain entre le retour aux méthodes d’un autre âge et un PS avec d’autres méthodes, le PS a besoin de changer”.
A 2 h 20 c'est au tour de Benoit Hamon de quitter la commission des résolutions : “Nous ne sommes pas parvenus à la synthèse. Je suis toujours candidat pour incarner le changement” assure-t-il, même s’il ne ferme pas la porte à un accord avec certains partisans de la motion Aubry. “Je m’en remets au vote des militants”. “On ne voulait pas faire de tout sauf Ségoléne”.

Martine Aubry quitte les lieux quelques minutes plus tard, sans faire de commentaires.
Aux questions des journalistes qui l’assaillent pour savoir si elle sera ou non candidate, elle ne répond pas. Elle peut encore annoncer sa candidature ce matin.


Pour Michel Sapin, les partisans du maire de Paris auront une liberté de vote jeudi prochain.
Ce qui sous-entend que la motion Delanoë n’aura pas de candidat face à Royal et Hamon.
François Hollande refuse de préciser si Bertrand Delanoë ou l’un de ses soutiens sera candidat. “Chacune des motions aura délibéré demain matin”, se contente-t-il d’assurer.


A suivre...................

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