mardi 25 janvier 2011

Fable provençale



En France, un récent rapport parlementaire chiffre à 100 milliards d’euros en 2010 le coût des baisses d’impôts consenties entre 2000 et 2010, sans même inclure les exonérations de cotisations sociales (30 milliards) et autres “dépenses fiscales. Le rapporteur indique « qu’avec l’argent économisé sur leurs impôts, les riches ont pu acquérir les titres (porteurs d’intérêts) de la dette publique émise pour financer les déficits publics provoqués par les réductions d’impôts. Au total se met en place un mécanisme de distribution à rebours, des classes populaires vers les classes aisées, via la dette publique dont la contrepartie est toujours de la rente privée ».

Cela me fait penser à cette saga provençale racontée par Marcel Pagnol dans « Jean de Florette » et « Manon des Sources ». Vous vous souvenez ? Le riche de l’histoire, le Papet, c’est celui qui convoite puis détourne à son profit la source qui alimentait la terre de Jean de Florette. Lequel s’épuise en voulant trouver de l’eau et meurt sous les yeux de sa fille, la petite Manon…
Cette histoire nous ramène aux dérives de notre contrat social. Sous les ruines de la seconde guerre mondiale, le conseil national de la résistance a forgé un véritable pacte économique et social ( Le programme était intitulé « Les Jours heureux »). Toute l’organisation de notre société découle de ce pacte, avec notamment des services publics restaurés, la libération de l’accès à l’instruction et à la culture, le droit au travail et au repos réaffirmé et, couronnant le tout, l’instauration de la sécurité sociale. Ainsi la population a pu s’élever dans la dignité, la sécurité et l’espoir d’une vie humaine meilleure. Cette belle œuvre collective a pu se déployer parce qu’elle était abreuvée par une source qui l’a généreusement irriguée. Pour y parvenir, chacun avait cœur d’y contribuer, citoyens, employeurs, salariés, tout le monde était solidaire et payait impôt et cotisations sociales. La solidarité financière, c’était ça la source qui alimentait tous les besoins et ainsi assurait le bien être de la population.
Mais comme dans l’histoire de Pagnol, l’œuvre fut convoitée et la source détournée. Le réservoir qui était suffisant jusque là, sert depuis quelques années à abreuver d’autres intérêts. Ceux des spéculateurs qui agissent sous la houlette de Sarkozy, le Papet de la fable provençale. Tout leur est prétexte pour détourner la source et se servir : La mondialisation des échanges, fuite des capitaux, délocalisations d’emplois, services publics trop chers, vieillissement de la population. Ils se livrent à un véritable Hold up. Car oui, la captation de la richesse de l'Etat par les lascars à Rolex de la banque du Fouquet ‘s et leurs grosses sociétés multinationales est un véritable Hold up. Un Hold up fiscal qui fait des dizaines de millions de victimes, lesquelles doivent compenser de leurs maigres deniers le manque à gagner de l'Etat (par exemple l'augmentation de la fiscalité locale due au transfert non financé des compétences de l'Etat vers les collectivités locales) ou encore subir le savant et inexorable travail de sape des Services Publics. Sans cesse il nous faut désormais mettre la main à la poche ou subir de fâcheux dysfonctionnements . On pourrait en donner 1000 exemples , de l'augmentation de l'âge de la retraite au déremboursement des médicaments, du déneigement d'une seule voie sur les autoroutes au délabrement de la SNCF(tribulation de ce train entre Strasbourg et Nice) , de Méhaignerie qui veut sucrer les allocs aux chômeurs à Châtel ce ministre de l’éducation nationale qui en est venu à vouloir se débarrasser des enfants, des fonctionnaires qu’on veut précariser aux personnes âgées qu’on trouve encombrantes… Ils nous font crever à petit feu… Jean de Florette c’est nous. Si nous n’y prenons garde le drame va se nouer comme dans le film car nous sommes à bout, exténués financièrement à force de devoir compenser les désengagements de l’état. Comment cela finira-t-il ? C’est à nous d’écrire la fin du drame. J’ai l’espoir que nous allons tous nous mettre d’accord pour rétablir la source vers son cours originel. Pour retrouver avec toute sa vigueur le sens du mot République et la force de ses valeurs ou plutôt l’exigence de ses valeurs.

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