mercredi 21 octobre 2009

S’il y a des déçus du gouvernement, les banquiers n’en font sans doute pas partie..


Après avoir renoncé à entrer directement au capital des banques, à avoir une représentation au conseil d'administration des banques aidées (se privant de plus de 12 milliards d'euros de plus-values, au moment du remboursement des aides par les banques), après avoir repoussé toute législation sur les rémunérations, le gouvernement refuse maintenant d'envisager une taxe supplémentaire sur les bénéfices des banques. Mercredi 14 octobre 2009, un amendement préconisant une taxe supplémentaire de 10% sur les bénéfices des banques au titre du budget 2010
a été adopté par la Commission des finances de l'Assemblée Nationale
.
Le texte, présenté par Didier Migaud, PS, Président de la Commission des finances, a reçu le soutien d'un certain nombre de députés de la majorité, sensibles à la fois à l'effort demandé aux finances publiques ces derniers mois pour sauver les banques, comme au poids du déficit budgétaire.
Que croyez-vous qu'il se passât? «Il n'est pas question de prendre une mesure à caractère national qui plomberait le système bancaire français, qui s'est bien comporté pendant la crise» a tranché Madame Lagarde, reprenant textuellement les déclarations de la Fédération bancaire .

Allez ouste. A la niche les députés frondeurs !

On touche là du doigt les connivences coupables, désastreuses pour le pays, entre nos dirigeants et ceux qui les manipulent après les avoir mis en place: les banquiers et les PdG des sociétés du CAC 40 (caca-rente). Pourtant la proposition de Didier Migaud était réaliste et courageuse: il n'est pas illégitime que les banques reversent à l'État une part supplémentaire de leurs bénéfices en contrepartie des aides publiques reçues au moment de la crise. Le gouvernement belge a emprunté cette voie. Le gouvernement britannique a déjà indiqué qu'il allait prendre une mesure similaire et l'Allemagne y réfléchit. Pourquoi pas la France?

Non! Verboten! On ne touche pas aux banques...

Ces privilégiées bénéficient d'une assurance tout risque maintenant érigée en dogme par les ultra-libéraux plus que jamais au pouvoir: les risques systémiques sont tels qu'il n'est pas possible de laisser une banque faire faillite. Les États doivent, à tout coup, se porter garants en dernier ressort. C'est donc l'impunité totale pour les mafieux du système bancaire, quels que que soient les risques pris...
Et cette assurance, serait-il anormal que les banquiers en paient la prime? Sous forme d'un impôt supplémentaire sur leurs bénéfices? Non mais, vous plaisantez ! Ils ne paient déjà pas l'impôt normal sur les sociétés qui est de 33%. Ainsi, en reprenant les comptes des cinq grandes banques aidées – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Crédit mutuel, BPCE –, pas une d'entre elles n'a acquitté des impôts à hauteur du taux normal de l'impôt sur les sociétés en 2007 et 2008. En 2007, le taux de contribution du Crédit agricole s'élève à 5,3% de ses résultats (257 millions d'impôts pour 4,8 milliards de résultat!), celui de la Société générale – qui il est vrai avait été autorisée à déduire de ses comptes 2007 les pertes de 4,9 milliards liées à l'affaire Kerviel intervenue en janvier 2008 – n'est que 14,9%, celui de BNP Paribas ou du Crédit mutuel de 26% . (Source Médiapart)

De leur propre aveu les banques sont de nouveau «pleines aux as»: elles empruntent auprès de la BCE à un taux zéro, prêtent aux entreprises au compte goutte à des taux juteux et... jouent de nouveau, comme avant, au casino de la spéculation, des produits bidons des marchés internationaux. Avec notre argent.
Jack-pot de bonus et de dividendes, primes et gratifications exceptionnelles, les banquiers se gavent d'autant plus allègrement qu'ils savent pertinemment qu'en dernier ressort l'État les couvrira...

Ah! ça ira, ça ira , ça ira, les banquiers à la lanterne,.... (air connu)

Question : Y aura-t-il assez de lanternes?

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