Oh, quand j'en parle autour de moi, j' entend fuser des conclusions hâtives du genre : " Ce sont des feignants, des assistés qui ne veulent pas travailler.." ou des :" Quand on veut, on peut..."ou encore : " Qu'ils aillent travailler..."Je ne veux, ni ne peux faire une analyse complète de ce phénomène n'étant pas assez compétent en la matière. Mais je peux vous parler d'une femme, victime de violences conjugales, ayant fui et tout laissé derrière elle, les enfants sous le bras pour seuls et uniques bagages et qui m'a dit:
« Je n'ai plus rien. Que faire ? Plus de domicile, pas d'argent, pas de vêtements, et ma famille n'est pas disposée à m'accueillir avec mes enfants . Que faire »
Peut-on ne pas voir les bleus au visage, à l'âme, la honte de se retrouver dans cette situation Peut-on ne pas voir les enfants prostrés, conscients de la violence de la situation.
Cette femme qui m'a interpellé, ce n'est qu'un parcours, comme bien d'autres... Et, Mille et mille mercis à leur qualité d'écoute, aux trésors d'ingéniosité et d'obstination dont ils ont fait preuve, les employés et des personnes bénévoles du CCAS de Harnes ont prouvé une fois de plus que personne à Harnes n'est abandonné au bord du chemin
De plus en plus souvent, ce sont des femmes avec enfants que l'on retrouve dans la rue....Notre société est plus prompte à montrer du doigt, mettre à l'index et stigmatiser plutôt que de tendre réellement la main aux personnes en détresse qui veulent relever la tête, être digne malgré tout... Qui essaient, mais qui restent ce qu' elles sont : pauvres...Selon un sondage récent, plus de 60% des français auraient peur de la pauvreté, de devenir SDF.
Je vous laisse en (bonne) compagnie de Morvan Lebesque journaliste disparu en 1970 dont les articles étaient publiés dans le Canard Enchainé, dont celui-ci, datant de 1954:
« Être pauvre, dans un monde aussi aisément riche que le nôtre, c’est être un fantôme au milieu des vivants. A une certaine heure de ta vie, tu es mort. Quand ? A l’heure où le patron de ton hôtel t’a mis à la porte, par exemple ; ou bien à l’heure où ta petite amie t’a quitté ; ou bien à l’heure encore quand tu as cessé d’avoir faim – je dis bien : quand tu as cessé d’avoir faim, quand la faim a cessé d’être cette louve qui te dévore pour devenir du vide dans ton corps, le vide où s’en vont ton souffle et ta vie. Donc tu es mort et te voilà fantôme ; et c’est désormais sous l’apparence d’un fantôme que tu vas te promener dans les rues. »
Attention à nos jugements, le prochain pauvre pourrait être vous ou moi !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire